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Résultats de l'enquête StopCovid menée auprès des membres de l'Institut des actuaires.

24 juin 2020 Focus
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Le GT Covid a lancé une enquête auprès des membres afin de recueillir leur avis sur l’appli StopCovid proposée par les pouvoirs publics. Voici les résultats :

Pour compléter les mesures prises pour lutter contre la Covid 19, les pouvoirs publics ont mis en place le 2 juin une application de contact-tracing téléchargeable sur smartphone : StopCovid, décrite dans le lien suivant : https://www.economie.gouv.fr/stopcovid?xtor=SEC-43-GOO-[]-[439088179592]-S-[stop%20covid]#

Cette technologie a fait l’objet de débats publics, faisant apparaître certaines divergences de vue de la part des scientifiques comme des politiques, et des avis polis, mais réservés et attentifs, de la part de la CNIL et autres autorités consultées quant à la protection des données de santé et de vie privée.

Le GT Covid « utilisation des données » de l’Institut des actuaires, qui a regardé de près ce dispositif, a souhaité connaître la position des membres de l’Institut, qui ne sont pas tous au fait des avantages, mais aussi des points techniques délicats, soulevés par les instruments de contact tracing.

Une enquête a été menée par mail adressé le 9 juin à nos membres pour savoir s’ils avaient chargé l’application StopCovid sur leur smartphone, s’ils avaient l’intention de le faire, ou s’ils avaient décidé de ne pas le faire, ou pas encore, et pourquoi.

Les résultats des 367 réponses font apparaître un clivage en 2 principaux groupes de réponses, également répartis (37 à 38% chacun) : les « pour » et les « contre ».

Les 25% restant se répartissent en 20% « pour » (ont l’intention de le faire) et 80% qui « n’ont pas encore décidé » mais qui avancent surtout des raisons « contre ».

 

 

Pour ceux qui ont décidé de charger l’application StopCovid ou s’apprêtent à le faire, l’analyse des verbatim indique qu’il s’agit d’un engagement citoyen. Ils ont conscience de la nécessité d’être solidaires face au virus, chacun étant non seulement responsable de sa propre sécurité mais aussi de celle des autres : « il faut s’y mettre tous ensemble ». Ils n’expriment pas de doute sur l’utilité et l’efficacité du dispositif. Le plus souvent, sans être naïfs, ils ne craignent pas trop que leurs données soient mal utilisées ; certains précisent même qu’ils font confiance à l’Etat, même si on ne peut pas écarter tout risque. Pour eux, les avantages et le civisme l’emportent sur les éventuels inconvénients.


 Pour ceux qui ont décidé de ne pas charger l’application
, ils considèrent au contraire qu’il s’agit d’une forme d’atteinte ou de menace pour leur liberté. Ils n’ont pas confiance dans la sécurité de leurs données, non pas qu’ils pensent que l’application est conçue de façon malveillante, mais leur expérience des applications et des algorithmes les rend prudents. Ils savent qu’il est difficile, malgré tous les efforts, de pouvoir garantir la sécurité des données attaquées par les hackers et d’éviter tous les bugs qui mettent à l’épreuve la loyauté des algorithmes.

Certains expriment une forme de défiance quant à la tendance qu’a l’Etat à limiter les libertés pour surprotéger les citoyens.

Le choix technique d’un système de fichier centralisé, fait par la France, est critiqué par certains, notamment par ceux qui travaillent dans d’autres pays européens : ils font davantage confiance aux applications décentralisées (système Apple/Google) choisies par tous les autres pays européens. Le système décentralisé, dans lequel les données restent dans le smartphone, leur paraît plus respectueux de la vie privée (ce qui d’ailleurs fait débat).

Pas de verbatim modérant la critique par l’argument en faveur du système de fichier centralisé : centraliser l’information permet aux chercheurs de disposer de données précieuses pour la recherche médicale. En général, ils considèrent que l’application ne sera pas efficace. D’une part, elle intervient trop tard, l’épidémie étant désormais « sous contrôle », d’autre part, son efficacité sera limitée par le faible taux de chargement.

  Ceux qui disent n’avoir pas encore pris de décision sont moins critiques, mais avancent davantage d’arguments de prudence face au risque pour la privacy, que de volonté de partager des données dans un objectif commun de lutte contre le virus. Les informations les plus récentes ne donnent hélas pas vraiment tort au scepticisme de la moitié de nos collègues.

Concernant la protection des données personnelles, on peut regretter que quelques bugs amènent la version actuelle de StopCovid, construite à la hâte, à collecter plus de données que prévues.

Quant au taux de chargement, il est très faible : 2% de la population. Ce n’est pas vraiment spécifique à la France : dans les pays démocratiques, où le dispositif n’est pas obligatoire, le taux de succès des applications de type StopCovid n’a pas été suffisant pour une pleine efficacité du dispositif, sauf en Asie où l’expérience des épidémies rend les individus plus conscients des enjeux collectifs.

En Europe, où l’épidémie semble sous contrôle, ces applications pourraient toutefois être relancées en cas de 2ème vague. A cet égard, on peut noter que le choix isolé de la France d’un système centralisé ne permet pas aux ressortissants qui ont chargé StopCovid d’être protégés (ou de protéger) dans les autres pays européens. En effet, ayant tous fait le choix de solutions décentralisées appuyées sur la technologie Apple/Google, les pays européens viennent de s’accorder sur la compatibilité de leurs applications pour la détection des cas de contamination.

Il est décidemment bien difficile pour les pouvoirs publics de trouver le bon chemin d’utilisation des nouvelles technologies au profit de tous, dans le respect du RGPD qui protègent les individus, et avec la confiance des populations.

 




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