Mémoires d'Actuariat

Quel intérêt d’intégrer le support Croissance dans son offre produit épargne ?
Auteur(s) NGUYEN NHON L.
Société Forsides
Année 2024

Résumé
En 2022, les marchés financiers ont été marqués par une hausse brutale des taux, passant de 0% à 3% à la fin de l'année, soit une hausse de 300bp. C'est dans ce contexte qu'a été rédigé ce mémoire. Cette hausse entraine un écart entre les taux instantanés du marché et le Taus de Rendement de l’Actif (TRA) des portefeuilles d’assurance vie, victimes de l’inertie des poches obligataires. Pour limiter le risque de rachats massifs, les assureurs-vie tentent de servir des taux de revalorisation du fonds Euros proches des taux du marché, donc supérieurs à leur TRA. Cela les pousse donc à puiser dans leurs réserves comme la Provision pour Participation aux Bénéfices (PPB) ou à réaliser des plus-values latentes ce qui n’est pas forcément pérenne, notamment selon le rythme de d'écoulement de la PPB} et en fonction de la vitesse de renouvellement du portefeuille d’actifs et du rythme de relution. Ainsi, des risques apparaissent, ce qui mène certains assureurs vie à envisager de nouvelles stratégies, dont l’introduction d’un support Croissance dans leur mix produit. Ce support est notamment attractif en termes de gestion financière, grâce à son évolution en valeur de marché et sa garantie uniquement au terme et parfois partielle. Les projections de cette étude vont donc permettre de comparer un portefeuille représentatif du marché sans support Croissance, et avec l’intégration du support croissance, sous plusieurs hypothèses de taux et de collecte, principalement du point de vue des assureurs. Il en ressort que, selon les métriques utilisées, ce support qui a eu du mal à trouver sa place montre une convergence d'intérêt car il permet d'augmenter le ratio rendement/risque, principalement en augmentant le rendement, le bénéfice et de se délester d’une partie du risque et de la rigidité du support Euros. De plus, en échange de l’absence de garantie de cheminement et de plus de volatilité, investir sur un support Croissance pourrait être, selon les hypothèses utilisées, en moyenne, plus rentable pour les assurés qu'un support Euros. Ces intérêts se renforce d’autant plus que la collecte sur ce support est élevée et en cas d’arbitrage. A noter que ces résultats dépendent du portefeuille initial projeté, les métriques utilisées pour les interpréter doivent donc être manipulés avec précaution par le lecteur. Ils pourraient aussi être complétés d’une étude de la volatilité, en particulier pour les bénéfices clients. Enfin, la garantie de capital uniquement au terme est un élément qui rend le support Croissance moins sécurisant que le support Euros et sa complexité en termes de mise en œuvre opérationnelle nécessiterait des études approfondies. Mots clefs : Croissance, Eurocroissance, Assurance-vie, Epargne, Solvabilité II, ALM, Hausse des taux

Abstract
While writing this master thesis, the long low interest rates period has just ended, followed by a brutal rise of +300bp, to reach around 3% by the end of 2022. This lead to a gap between the instantaneous market rates and the asset yield of the life insurance portfolios, victims of the bond part inertia. To reduce the risk of massive lapses, life insurers tried to serve revaluation rates of their Euros funds close from the market ones, and therefore higher to their asset yield. This situation pushed some insurers to draw wealth from their reserves, as the provision for profit-sharing, or the liquid unrealized capital gains, which isn’t always a sustainable strategy, depending on the renewal speed of the asset’s portfolio. Thus, risks appear, leading insurers to consider new strategies, including the integration of a Croissance fund. This product is attractive in terms of financial management, thanks to its evolution in market value and its guarantee, only at maturity and sometimes partial. The projections of this study will enable one to compare an average portfolio without Croissance fund to this same initial portfolio in which will be integrated a Croissance fund, under several rate and collection hypothesis, especially from the insurer’s point of view. The results show that, according to the metrics used, this not well-established product would enable insurers to increase the yield/risk ratio, mainly by boosting yields and profits, and offloading a part of the risk and rigidity associated with the Euros fund. Furthermore, in exchange for no guaranteed path and greater volatility, investing on a new Croissance fund would be, depending on the hypothesis, more profitable on average for the policyholders than a Euros fund. These advantages increase with the level of collection and in case of transfer. However, these results must be nuanced because they depend on the initial projected portfolio and the metrics used to interpret them must be manipulated with caution by the reader. They could also be reinforced by a study on volatility, especially for customer profits. Finally, the fact that the invested capital is only guaranteed at maturity makes the Croissance product less secured than the Euros fund, and its low establishment would require in-depth studies on its operational set up. Key words : Croissance, Eurocroissance, Life insurance, Savings, Solvency II, ALM, Rate hike

Mémoire complet