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26 septembre 2011

Interview Patrice Aguesse

«Il faut rendre le marché moins dépendant des agences de notation

 », Patrice Aguesse, directeur division régulation sociétés cotées au sein de la direction de la Régulation et des Affaires internationales de l’Autorité des marchés financiers (AMF).

 

L'actuariel : Au regard de l’actualité des dettes européenne et américaine, quels sont pour vous les enjeux d’un contrôle des agences de notation?

Patrice Aguesse : L’AMF milite depuis plusieurs années en faveur de plus de transparence de la part des agences de notation dans les méthodologies et les modèles utilisés. Il est en effet important de pouvoir comprendre les notes et leurs variations. Pourquoi, par exemple, la Grèce a-t-elle perdu dix crans entre 2008 et 2011 et cinq crans en quelques jours en 2011? En fournissant une information pédagogique sur la méthodologie, cela permet au marché de mieux appréhender les décisions des agences. S’il est donc essentiel que les agences expliquent ce qui motive leurs notes, il ne s’agit en aucun cas de revenir sur leur liberté d’appréciation.


L'actuariel: Depuis la crise des subprimes en 2008, qu’est-ce qui a été fait pour contrôler les agences?

P.A. : Tout d’abord il y a eu l’adoption d’un corpus de règles sur le plan européen qui s’est traduit par des règlements européens et qui repose sur trois piliers. Pilier n° 1 : la gestion de potentiels conflits d’intérêts qui ont été au cœur de la crise des subprimes avec, par exemple, la présence d’administrateurs indépendants aux conseil d’administration des agences de notation. Pilier n° 2 : la qualité de la notation de crédit avec par exemple la mise en place d’une rotation des analystes. Pilier n° 3  : les règles relatives à la transparence. Ce dispositif est complété par le le transfert de l’enregistrement et de la supervision des agences de notation des autorités nationales vers l’Esma, l’Autorité européenne des marchés financiers. Enfin, il faut sûrement réfléchir à une « désintoxication » intelligente de la notation. Aujourd’hui, la référence à la notation est trop présente dans la réglementation et les marchés ont parfois tendance à trop se reposer sur les agences pour faire leurs évaluations. Nous plaidons pour que les investisseurs effectuent leurs propres diligences, leurs propres analyses et nous comptons bien instiller cet état d’esprit dans toutes les nouvelles réglementations.


L'actuariel: C’est une opération de longue haleine… Quels sont, selon vous, les chantiers les plus urgents à mener?

P.A. : Outre le chantier de la transparence dans les méthodes des agences de notation, il faut aussi donner plus d’informations aux investisseurs sur les produits eux-mêmes (type ABS) afin qu’ils puissent mener correctement leurs propres processus d’évaluation.

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