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14 juin 2011

Guillaume Autier, conseiller du ministre du Travail Xavier Bertrand

Après un passage à la Direction générale du Trésor, où il a participé à la mise en place de Solvabilité II, Guillaume Autier a rejoint, il y a trois ans le ministère du Travail. Ce lauréat du prix Scor est aujourd’hui conseiller de Xavier Bertrand.

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Dossiers et parapheurs s’accumulent sur la table et sur les étagères. À 33 ans, Guillaume Autier, jeune actuaire énarque, se rend chaque matin rue de Varennes, où il exerce comme conseiller de Xavier Bertrand, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé.

 


Quand l’opportunité s’est présentée de rejoindre le cabinet du ministre, il y a trois ans, Guillaume Autier n’a pas hésité une seconde. « J’étais intéressé par la perspective de la réforme des retraites, qui devait acter le passage à 41 ans de durée de cotisation. Participer à cette mutation, c’est mettre ses compétences sur un dossier à très forte portée symbolique et politique.  Michel Rocard a d’ailleurs souvent répété que “le dossier des retraites peut faire sauter plusieurs gouvernements”. » En 2009, lorsque Nicolas Sarkozy annonce devant le Congrès du Parlement – qui réunit sénateurs et députés – la mise en place du grand chantier des retraites, c’est avec Éric Woerth, devenu alors ministre du Travail, qu’il continue de suivre le dossier. « Pour un actuaire, c’est une occasion unique dans une carrière ! », souligne Guillaume Autier.

 

L’énarque actuaire s’attaque  à l’assurance maladie

Depuis le dernier remaniement ministériel, en novembre 2010, il a retrouvé Xavier Bertrand, et s’attaque, au sein de son cabinet, à un nouveau challenge : tenir l’Objectif national des dépenses d’assurance maladie (ONDAM). Lorsque l’on s’intéresse à la couverture du risque, ce projet représente un enjeu considérable, que ce soit pour les finances publiques ou pour les assurés. Et sur le plan politique, il constitue un sujet emblématique. Un travail captivant, qui se traduit pour Guillaume Autier par « la satisfaction de contribuer à créer et à transformer une ambition en une réforme effective ».

Avant de mettre ses compétences au service du ministère du Travail, Guillaume Autier s’était déjà illustré à la Direction générale du Trésor. À 28 ans, il se voit confier le dossier de la refonte du cadre prudentiel de l’assurance de cette dernière décennie : Solvabilité II. Une réforme ambitieuse visant notamment à moderniser et harmoniser le droit des assurances au sein de l’Union européenne, à adapter le profil de risque de chaque organisme dédié et à renforcer leur compétitivité. Pendant trois ans, il a été en charge de définir à Paris les positions françaises sur cette  nouvelle réglementation. « Un poste exaltant, pendant lequel j’ai eu à appliquer quotidiennement l’enseignement reçu au cours de ma formation d’actuaire. La dimension politique de cette fonction fut également très importante. Les positions défendues à Bruxelles ne sont pas seulement le résultat de raisonnements cartésiens, mais la prise en considération de priorités politiques. Il est en effet capital d’entretenir un contact régulier avec les acteurs de la place, grands assureurs et fédérations, pour définir une orientation commune. Le ministère de l’Économie n’est évidemment pas isolé dans sa bulle, et défend des positions exprimées par l’ensemble de ces acteurs », poursuit-il.

Après Solvabilité II, Guillaume Autier a occupé divers postes à la Direction du Trésor, en charge de sujets en lien avec le secteur financier. « Entre 2007 et 2008, nous étions en pleine crise de liquidité des organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM). Le marché monétaire fut profondément bouleversé. Il fallut donc développer des dispositifs permettant aux sociétés de gestion de gérer cette crise. »

Pour tenir ce rôle « charnière » au sein de ces ministères, Guillaume s’est doté d’une solide formation et a été, comme il se qualifie lui-même, « un éternel étudiant ». Après Polytechnique, ce natif de Dunkerque (Nord) est entré à l’École nationale de statistiques et de l’analyse économique (ENSAE), qui prépare au diplôme d’actuaire et où il a d’ailleurs reçu le prestigieux prix Scor. À l’issue de sa formation, il a souhaité « ouvrir le champ des possibles au sein du service public » en intégrant l’École nationale d’administration (ENA). Ce « champ des possibles » est aujourd’hui devenu une réalité…

En sa qualité de conseiller, Guillaume Autier considère que l’actuariat – qui permet de travailler le risque d’assurance, de le comprendre, le mesurer et le couvrir – a été « un plus, une boîte à outils ». « Il offre des clés de lecture et donne accès à des modes de raisonnement. Mais les meilleurs instruments, s’ils sont indispensables, ne suffisent jamais, le savoir-faire n’est jamais acquis. Le sujet des retraites par exemple ne se résume pas à une mesure des engagements et à un provisionnement. Chaque levier a une portée et une acceptabilité politique. Les enjeux juridiques, qui s’imposent à nous, sont eux aussi extrêmement prégnants », précise-t-il.

Investi pleinement dans ses missions, Guillaume Autier se considère comme un artisan. « Une profession, ajoute-t-il, amenée à se développer. Nous vivons dans une société où la couverture du risque est de plus en plus demandée. Toutefois, plus qu’un métier, c’est avant tout une tournure d’esprit, une aventure… » qui, compte tenu du contexte économique, promet encore de nombreux épisodes !

Virginie Belle

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