Liste des articles
Partager sur :
Vue 731 fois
14 juin 2015

Entretien avec Jean-Marie Nessi

Encadré

Jean-Marie Nessi

Président de la commission de qualification  de l’Institut des actuaires, actuaire agrégé IA

 

L’actuariel : Quel regard portez-vous  sur le système de formation des actuaires ?

La question fondamentale aujourd’hui en matière  de formation est que l’on ne se cantonne pas  à une définition restrictive de l’actuariat, associé  à l’assurance et à l’application de la réglementation.  Dans la mesure où l’actuariat développe  et utilise depuis cent cinquante ans des techniques mathématiques très avancées, que l’on voit  prendre corps dans la data science et la gestion  des risques, est-ce que l’on ne devrait pas  maintenant présenter l’actuaire comme un expert généraliste, capable de devenir une référence  en matière de gestion des risques macroéconomiques,  dans un périmètre beaucoup plus large  que celui de l’assurance ?

L’actuariel : Est-ce un débat qui traverse  toute la profession ?

Pas véritablement, parce que la réglementation a fait  un pont d’or aux actuaires, et les a empêchés  de se challenger eux-mêmes, par rapport au marché  et par rapport à leur avenir. Le risque aujourd’hui  pour la profession est de se faire « corneriser »  dans notre côté technico-actuariel, dans le cadre  de l’application de cette réglementation. 

L’actuariel : Comment contrer ce risque ?

À mon sens, il faut élargir la famille des actuaires,  en allant dans plusieurs types de directions,  avec des terrains de spécialisation : des actuaires technologiques, des actuaires chercheurs,  où nous apporterions notre expérience de terrain  pour orienter la recherche mathématique et le data science, ou la recherche algorithmique. Nous aurions  également tout intérêt à accueillir les gens du risque,  pour regrouper tous les métiers du risque.

L’actuariel: Les actuaires sont-ils pour l’heure suffisamment formés à la stratégie et au management ?

Les actuaires sont de plus en plus amenés à travailler  de manière transversale avec les équipes des entreprises,  et là où nous avons beaucoup à faire, c’est sur la capacité  à communiquer : communiquer en Internet, savoir faire  une communication, savoir « vendre » une analyse,  des résultats… C’est aussi une question de pédagogie  que nous devons nous poser. Apprendre à nos élèves  à reformuler leur savoir et à le transmettre, apprendre  à penser, c’est le meilleur moyen d’enseigner leur métier aux futurs actuaires.

 

Propos recueillis par Béatrice Madeline

Articles liés