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23 septembre 2013

Interview d'Antoine Quantin, directeur modélisation à la Caisse centrale de réassurance (CCR)

Interview

Le risque terroriste est difficilement prévisible

l'actuariel : Est-il possible de modéliser le risque terroriste ?

Oui, et nous avons commencé à y travailler depuis 2010. Mais alors que les approches déterministes et probabilistes s’utilisent et se complètent en matière de modélisation des risques naturels, il n’est pas possible d’appliquer la méthode probabiliste au risque terroriste. En effet, l’acte est difficilement prévisible et sa probabilité de survenance dépend également des mesures antiterroristes qui sont prises.

l'actuariel : Quels types de méthodes et d’outils utilise la CCR ?

Nous nous limitons à une approche par scénarios, à la fois pour les attaques conventionnelles, du type explosions ou colis piégés, et pour les risques NRBC (nucléaires, radiologiques, biologiques, chimiques), qu’il est très important de prendre en compte en France, car ils sont obligatoirement couverts depuis 2006. Concernant les attaques conventionnelles, nous pratiquons la méthode des cercles TNO, qui évalue le taux de destruction selon l’éloignement de l’attaque. Les risques NRBC, eux, nécessitent une approche plus sophistiquée. Nous créons des scénarios en fonction de la nature de l’explosif, de la quantité de la charge, de la dispersion des particules ou encore de l’endroit de l’attaque. Nous avons pour cela répertorié un millier de sites sensibles (ambassades, écoles, édifices religieux, gares, etc.) Nous réalisons ensuite une modélisation 3D des bâtiments et croisons ces informations avec les conditions météorologiques et les biens assurés. Nous obtenons au final le détail de la zone impactée et les frais potentiellement engagés. Comme il s’agit de particules légères, l’explosion peut toucher une zone très large, comme un arrondissement entier de Paris. Par exemple, une bombe sale qui exploserait sur les Champs-Élysées, causerait des pertes de plusieurs dizaines de milliards d’euros.

l'actuariel : Sur quels autres types de scénarios travaillez-vous ?

Nous avons commencé à mener des travaux sur les attaques terroristes pouvant engendrer une rupture de barrage, qui entraînerait une inondation, par exemple de la ville de Lyon. Ce qui pourrait aussi déclencher un risque nucléaire dans la vallée du Rhône. Le cyberterrorisme est aussi un sujet sur lequel nous commençons à nous pencher.

l'actuariel : En quoi les événements passés peuvent-ils vous être utiles ?

Le modèle n’est pas calibré sur la base d’événements historiques. Par contre, nous étudions les anciennes cibles visées, les modes opératoires ou les matériaux utilisés pour mieux appréhender le risque terroriste.

Propos recueillis par Laura Fort

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