Vitality : quand l’innovation métier inquiète
Innover, c’est aussi un risque. Le débat suscité par l’annonce par Generali de mettre en place le programme de prévention santé Vitality en France en est un exemple récent. Le groupe italien a en effet révélé début septembre le lancement de ce dispositif qui permet de « récompenser » les salariés de ses clients dont les comportements seront jugés vertueux. Les réactions des médias, des associations et même du ministre de la Santé portent moins sur le projet que sur l’innovation qu’il représente. Nombreux sont ceux qui y voient une révolution de l’assurance santé, une brèche ouverte sur le marché vers une plus grande individualisation des contrats, un risque de s’éloigner du principe de mutualisation qui pourrait pénaliser les malades, une exclusion de toutes les personnes ayant des comportements jugés à risques…
Certes, « ce programme change complètement la façon d’appréhender un assuré », explique Stéphane Dedeyan. Mais selon le directeur général délégué de Generali France il ne s’agit en aucun cas d’une « assurance au comportement », mais d’une évolution du métier d’assureur vers plus de prévention. « Nous partons du principe que n’importe qui, quel que soit son état, peut améliorer sa santé et son bien-être. Mais cela nécessite une démarche active. Nous proposons donc aux entreprises ayant souscrit un contrat collectif santé ou prévoyance chez Generali de permettre à ceux de leurs salariés qui le souhaitent de s’inscrire à un programme de prévention et de cumuler des points en fonction des actions menées pour l’amélioration de leur santé, comme fréquenter une salle de sport, manger bio ou faire un bilan de santé sur Internet. » Une logique vertueuse, mais qui n’est pas sans poser question sur l’accessibilité à une alimentation saine ou à un bon suivi médical. Selon Stéphane Dedeyan, Vitality s’inscrit pour chacun comme un investissement : « L’assuré y verra de vrais bénéfices dans sa vie quotidienne. L’employeur y trouve son compte car cela génère plus de bien-être et des salariés en meilleure forme. Et l’assureur s’y retrouve car ce sont des programmes qui améliorent la satisfaction de nos clients et donc leur fidélité. » Enfin, pour rassurer les autorités et les utilisateurs, l’assureur a rappelé que le bilan de santé est proposé sur la base du volontariat. Autre précaution : l’assureur n’aura pas accès aux données médicales, gérées par des systèmes sécurisés et externes.