Étienne Champion Responsable de la branche RC mondiale d’AXA Corporate Solutions
« L’intensité des sinistres nous amène à réfléchir différemment sur la prise de risque »
l'actuariel : Une grande partie des litiges judiciaires sont couverts par les assureurs. Comment cela est-il tarifé ?
Étienne Champion : Nous essayons de promouvoir les retours d’expérience. S’il y a de gros sinistres, nous pouvons analyser les arbres de causalité avec nos inspecteurs sinistres et avec les experts. Nous faisons ensuite une restitution que l’acheteur d’assurance (directeur des assurances, Risk Manager) pourra présenter aux opérationnels de l’entreprise. Les actuaires modélisent les garanties par type d’activité. Nous nous basons sur le portefeuille de nos sinistres et sur notre proximité avec les clients et les courtiers. Grâce à ces informations qualitatives, nous pouvons mieux établir nos primes et nos franchises
l'actuariel : L’évolution des sinistres RC vous oblige-t-elle à modifier votre engagement ?
E.C. : Oui, les sinistres en RC deviennent plus intenses. Ce qui nous amène à réfléchir différemment sur la prise de risque. Soit nous allons la traiter avec des franchises plus élevées, soit, plutôt que de prendre un risque à 100 %, nous le partageons avec d’autres assureurs ou avec des réassureurs, ce qui nous permet de réduire l’intensité des sinistres dans nos comptes.
l'actuariel: Quelles sont les principales problématiques qui donnent lieu à des litiges judiciaires ?
E.C. : Il y en a plusieurs mais aujourd’hui, par exemple, les problématiques de supply chain accroissent les contentieux de part et d’autre. Nous assistons à une complexification des contrats que passent les clients avec plusieurs niveaux de sous-traitance. Or, plus c’est compliqué, plus les frais de défense en cas de problème seront élevés. Par ailleurs, la sous-traitance se fait de plus en plus souvent dans des pays lointains et cela aussi augmente la phase de risque. Mais les sous-traitants sont également concernés car ils ont de plus en plus de mal à négocier les limitations de responsabilité contractuelles. Avant, c’était recevable jusqu’à un certain montant et uniquement sur certains types de dommages. Aujourd’hui, les recours du client s’étendent aux dommages immatériels et les montants peuvent s’avérer très élevés