Interview de Meng Meng, Senior Pricing Actuary chez Scor, certifiée IA et présidente de l’Associatio
« La Chine veut devenir un acteur majeur du monde technologique »
La Chine est en pointe sur les fintechs. Les pays occidentaux doivent-ils s’inspirer de son modèle?
Meng Meng : Je pense que chacun peut emprunter au modèle de l’autre. La Chine soutient grandement les fintechs et les assurtechs. Elle veut devenir un acteur majeur du monde technologique. Les fintechs chinoises ont développé des services très intégrés. Les entreprises occidentales peuvent les prendre pour exemple afin d’améliorer leur parcours client et la connaissance du risque. La Chine, elle, peut s’inspirer des marchés matures sur le point de la protection des assurés. Aux États-Unis par exemple, ils insistent désormais sur la transparence pour construire un modèle sain pour l’utilisateur. C’est un sujet qui arrive en Chine. Les services de paiement devront bientôt passer par une plateforme gouvernementale. En juin dernier est parue la première loi sur les données personnelles. Il y a désormais une volonté de définir des limites dans l’utilisation des données. La Chine s’aligne sur les normes internationales.
Les échanges avec d’autres associations actuarielles restent donc indispensables?
Meng Meng : Bien sûr, pour comprendre les changements que portent les fintechs et les assurtechs ainsi que leur implication sur le rôle de l’actuaire. Il faut réfléchir à la façon dont le profil des actuaires doit évoluer dans le futur : formation aux dernières techniques de data science et développement des soft skills, comme l’esprit critique et la capacité d’adaptation pour collaborer au mieux avec des experts data et des chercheurs. Les associations doivent aussi se pencher sur les questions de neutralité et de déontologie. Peut-être même faut-il envisager des principes internationaux car au final tous les pays sont confrontés à ces changements.
Quel est le rôle de l’actuaire dans cette révolution des fintechs et des assurtechs ?
Meng Meng : Traditionnellement, les actuaires travaillent dans les assurances. Ils sont encore peu présents dans les fintechs. Mais il est vrai que les assureurs se transforment et que les assurtechs se développent fortement, même si elles n’atteignent pas encore la force de frappe des fintechs. En modifiant l’écosystème de l’assurance et en changeant la composition de la chaîne de valeur, elles touchent directement les actuaires, car notre rôle premier est d’évaluer les risques futurs. De plus, grâce aux nouvelles technologies, on évolue vers des statistiques et de l’intelligence artificielle moins déterministes, plus connexionnistes. Il y a un challenge, celui d’expliquer les données, de donner du sens.