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19 mars 2018

Perspective : l’Eldorado des assurtechs

Encadré

Création de plateformes, acquisitions, partenariats… en Chine, après les fintechs, les géants de l’Internet s’affrontent désormais dans le secteur de l’assurance.

L’assurance pourrait devenir un marché juteux en Chine. Comme pour la finance, les géants du numérique comptent développer et dominer le secteur. En 2016, le montant des ventes de produits d’assurance vie et non-vie via les canaux en ligne ou mobiles en Chine s’élevait à un peu plus de 45 milliards de dollars. D’ici à 2021, le chiffre devrait atteindre 145 milliards de dollars, selon le cabinet Oliver Wyman.

Dès 2013, Alibaba et Tencent se sont lancés dans les assurtechs. Avec Ping An Insurance, ils ont créé la première société d’assurance numérique chinoise : Zhong An. Cotée à la Bourse de Hong Kong depuis septembre dernier avec une introduction à 1,5 milliard de dollars, elle offre actuellement plus de 240 couvertures d’assurance (santé, accidents, automobile, responsabilité civile, assurance emprunteur).

Parallèlement chacun développe ses propres services. Alibaba a mis en place une plateforme de distribution, Taobao Insurance, en partenariat avec plus de quarante grands assureurs chinois comme Ping An, Taikang ou AIG China. JD.com, Baidu et Xiaomi lui ont emboîté le pas en créant JD Insurance, Bai An Insurance et Xiaomi Insurance. « Cette tendance a obligé les grands groupes d’assurance à vendre eux aussi en ligne. Les consommateurs chinois ne sont pas très familiers du secteur notamment parce que les assurances ne sont pas obligatoires. Passer par Internet, leur mode de communication favori, est un moyen de les éduquer », explique Laurence Ren avocate et directrice du desk Chine du cabinet d’avocats DS.

Des stratégies multiples de développement

Autre stratégie : s’imposer grâce à des prises de participation. Ainsi, Ant Financial, la branche financière d’Alibaba, possède 60 % du capital de l’assureur multirisque Cathay Insurance depuis 2015.

Tencent, le principal rival d’Alibaba, a accentué le bras de fer ces derniers mois. L’assureur en ligne Weimin, dont il possède 57,8 %, a reçu en octobre l’approbation du régulateur chinois pour vendre des produits d’assurance à travers ses réseaux sociaux WeChat et QQ. Tencent a également lancé sa propre plateforme, WeSure, pour proposer des produits d’assurance ciblés aux utilisateurs de WeChat. Et l’entreprise ne se limite pas à la Chine continentale. En partenariat avec Aviva et Hillhouse Capital, un fonds d’investissement privé, elle va lancer un assureur en ligne à Hong Kong au cours du premier semestre 2018 après avoir obtenu l’accord du régulateur.

« Les assurtechs sont un phénomène récent, le marché n’est pas encore mature. Outre les grands acteurs, certaines petites sociétés développent des produits originaux comme des assurances contre le divorce ou la perte d’emploi. Mais obtenir une licence de la China Insurance Regulatory Commission (CIRC) demeure très difficile », souligne Laurence Ren. L’alliance avec des assureurs traditionnels est la solution pour s’introduire durablement sur le marché et obtenir des données supplémentaires. C’est la tactique de l’assureur digital Zhong An pour développer sa plateforme d’assurance automobile. Grâce à Sinosafe Property Insurance et Urtrust Insurance, il accède à un trésor de guerre : des données sur plus de 3 millions de véhicules.

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