Assurances emprunteurs : les banques en concurrence
Assurances emprunteurs : les banques en concurrence
La loi Hamon tente d’ouvrir le marché des assurances liées aux crédits immobiliers, aujourd’hui détenu à 85 % par les banques. Elle prévoit que les acheteurs d’un bien immobilier pourront résilier l’assurance emprunteurs pendant une durée d’un an après la conclusion du prêt, sous réserve de souscrire un contrat présentant des « garanties équivalentes ». En 2010, la loi Lagarde avait déjà voulu ouvrir ce marché, en donnant au client le libre choix de son assurance. En vain. « Depuis la loi Lagarde, le marché s’est même encore refermé. Le taux d’assurances souscrites en dehors de la banque prêteuse est passé de 20 % (dont 40 % des moins de 40 ans) avant la loi Lagarde, à 15 % après », affirme Isabelle Tourniaire, du cabinet de conseil BAO. « Avec la raréfaction du crédit en 2008, les banques ont eu des arguments supplémentaires pour convaincre leurs clients », ajoute-t-elle. Au terme d’une enquête, l’association de consommateurs UFC-Que choisir a dénoncé les pratiques des banques pour dissuader leurs clients de faire jouer la concurrence. « Les “bancassureurs” jouent la montre (32,4 % des réponses) et usent du chantage tarifaire (augmentation du taux du crédit, frais prohibitifs en cas de délégation, 73 % des réponses au total) », selon l’association. Avec ce délai de douze mois pour résilier, le gouvernement veut redonner du pouvoir au client en dissociant les deux négociations, celle du prêt et celle de l’assurance. Les banques, de leur côté, prennent la loi Hamon comme une sérieuse menace. Dans une ultime tentative de contre-offensive, la Fédération française des banques a publié fin janvier un sondage TNS-Sofres concluant que les clients sont parfaitement informés de leur liberté de choix. Mais que, pour autant, ils sont peu nombreux à l’utiliser car l’offre de leur banque leur convient.
Quoi qu’il en soit, l’enjeu est de taille pour les banques, comme pour les assureurs, très nombreux à vouloir prendre pied sur ce marché dont les marges sont estimées à environ 3 milliards d’euros par an.