Interview de Daniel Haguet, professeur à l’EDHEC
« Le principal souhait des épargnants, c’est de ne pas perdre »
Daniel Haguet, professeur à l’EDHEC
l'actuariel : Qu’est-ce que l’euro-croissance ?
Daniel Haguet : C’est en quelque sorte la version « remasterisée » de l’euro-diversifié créé pour le Perp, puis étendue à l’assurance-vie. Ce nouveau support de contrat assurance-vie est à mi-chemin entre les unités de compte et les actifs en euros. Il se caractérise par une provision mathématique garantie en capital à terme (8 ans, 10 ans…). Le solde est investi dans une PTD (provision technique de diversification) qui est exprimée en parts et offre des opportunités plus dynamiques. Les contrats existants pourront se transformer en contrats euro-croissance sans perte d’antériorité fiscale, ce qui jouera sans doute un rôle de « kick off ».
l'actuariel : Ce produit va-t-il relancer le marché de l’assurance-vie ?
D.H. : À long terme, oui ! Rappelons que le principal souhait des épargnants, c’est de ne pas perdre. Avec l’euro-croissance, ils ne seront certes pas protégés tous les ans, mais à échéance, avec une prime supplémentaire de fidélité. Précisons toutefois que le marché de l’assurance est très troublé. Cécile Duflot, Arnaud Montebourg ou encore Pierre Moscovici ont tenu des propos agressifs, chacun souhaitant mobiliser le pactole de l’assurance-vie, qui représente environ 1 500 milliards d’euros. Ces signaux ont été mal reçus. L’euro-croissance va néanmoins représenter une bouffée d’air frais dans un contexte où la réglementation, et notamment Solvabilité II, a sérieusement contraint la profession en termes d’investissements risqués.
l'actuariel : Quel regard portez-vous sur l’euro-croissance ?
D.H. : Les ETI souffrent d’un retard énorme en termes de financement. De l’autre côté, il y a en effet une épargne abondante. L’objectif de la mobiliser au service des entreprises me semble aller dans le bon sens. De plus, l’intention de départ, qui consiste à protéger les moins aisés des risques de variation de capital, est bonne. Je pense toutefois que l’euro-croissance présente les défauts d’un produit mixte et très technique. Les réseaux de vente vont devoir faire preuve de beaucoup de pédagogie !
Propos recueillis par Ariane Warlin