Hugo Aguilaniu, biologiste et chercheur au CNRS
Les espoirs du stress
Hugo Aguilaniu, biologiste et chercheur au CNRS
l’actuariel : Comment expliquer l’effet du stress sur la longévité ?
Hugo Aguilaniu : Il y a plusieurs façons de stresser les cellules, mais prenons le cas de la restriction alimentaire, qui est une piste largement expérimentée. La séquence se passe en deux temps : en réponse au stress, les cellules commencent par bloquer les capacités reproductives de l’organisme, ce qui est un réflexe adaptatif (je ne me reproduis pas pour le moment parce qu’il y a moins à manger). Dans un deuxième temps, et toujours en vue de maximiser les chances de reproduction, les cellules ralentissent leur processus de vieillissement (je maintiens mon organisme en forme le plus longtemps possible au cas où l’environnement serait à nouveau favorable).
l’actuariel : Qu’avez-vous obtenu dans votre laboratoire ?
H.A. : Nous travaillons sur un ver nématode, le Caenorhabditis elegans. Par modification génétique plus restriction alimentaire, nous avons réussi à faire passer sa durée de vie de 19 à 300 jours. Tout notre travail consiste désormais à identifier les gènes responsables de la baisse de fertilité et de l’allongement de la vie, pour dissocier ces deux phénomènes. Nous avons déjà identifié une hormone messagère, impliquée dans les deux « événements ».
l’actuariel : Le stress alimentaire implique-t-il forcément de faire un régime ?
H.A. : La voie médicamenteuse est aussi explorée. La molécule la plus prometteuse aujourd’hui est la metformine, un antidiabétique qui a pour effet de « faire croire » aux cellules qu’elles vont manquer de sucre. Elle est actuellement en cours d’essai chez l’homme.